Cette séance du Conseil régional (26-27 juin 2008) était particulièrement chargée. En plus des traditionnelles questions d’actualité, 29 rapports, une audition (celle de Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes) et deux vœux étaient à l’ordre du jour.
Lors des questions d’actualité, Philippe Kaltenbach, au nom du groupe socialiste, est revenu sur le Plan de mobilisation pour les transports en commun annoncé le 19 juin par le président de la région. Il a tout particulièrement insisté sur l’amélioration des déplacements de banlieue à banlieue à travers le projet d’une rocade ferrée dite Arc Express dont la réalisation se ferait par tranche successive. Un débat public doit s’engager dans l’année 2009. Nous souhaitons que ce dernier concerne l’intégralité du projet et non les deux secteurs qui seront réalisés en priorité (Arcueil-Cachan à Val-de-Fontenay et la Plaine Saint-Denis à la Défense). Dans sa réponse, Jean-Paul Huchon s’est dit « favorable lui aussi à ce qu’un tel débat porte sur l’ensemble du projet et puisse associer l’ensemble des habitants concernés ». C’est la position qu’il proposera à l’Etat qui aura en charge son organisation. Pour finir, il a souhaité que ce débat public « soit l’occasion de montrer que Arc-Express constitue bien un projet d’intérêt régional, non seulement pour chacun des territoires traversés, mais aussi pour les habitants de la grande couronne qui pourront bénéficier de l’effet réseau qu’il apportera ».
Parmi les 29 rapports proposés au vote des conseillers régionaux lors de cette séance, quelques uns se distinguent par leur importance politique notamment dans les secteurs sanitaire et social, formation professionnelle, éducation et logement.
Ø En matière sanitaire et sociale : il s’agit tout d’abord du rapport cadre intitulé « Lutter contre les inégalités sociales et de santé et pour l’autonomie. L’action régionale dans le développement social et de la santé ». Le Conseil régional concentre désormais sa politique sanitaire et social autour de quatre axes principaux : la prévention, la lutte contre l’exclusion, l’autonomie des personnes âgées ou en situation de handicap et leur hébergement. Cette démarche marque à la grande satisfaction des élus socialistes l’arrêt du saupoudrage qui confinait à multiplier les démarches expérimentales aux dépens d’un effort concentré sur les enjeux prioritaires.
Ø En matière de formation : un autre rapport cadre intitulé « Vers un service public régional de la formation et de l’insertion professionnelle. Politique régionale en faveur de l’accès et du retour à l’emploi qualifié dans le cadre du schéma régional des formations » propose la création d’un service public répondant à l’enjeu essentiel de la formation qualifiante des chômeurs. Actuellement, à peine 60 000 demandeurs d’emplois sont formés chaque année en Ile-de-France. Le Schéma des formations fixe un objectif à 100 000 d’ici 2013. Cette initiative forte de la région intervient dans un contexte d’incertitude provoquée par les interrogations que l’on peut avoir sur les projets de réforme du gouvernement en matière de formation professionnelle. Si la loi de 1971 avait été un formidable progrès dans ce domaine, il apparaît de plus en plus nécessaire de faire en sorte que la formation professionnelle profite aussi à ceux qui en ont le plus besoin, c’est-à-dire ceux qui sont les moins qualifiés.
Ø En matière d’éducation : le « rapport cadre relatif aux politiques éducatives en collèges et en lycées » répond à l’élévation du niveau de formation voulu dans le Schéma régional de la formation initiale et continue tout au long de la vie. De nouvelles pistes d’action émergent, dont la mise en place progressive, en partenariat avec l’Education nationale, constitue l’enjeu des prochaines années pour atteindre les objectifs du Schéma des formations. Dans mon intervention sur ce rapport, j’ai insisté sur la nécessité de mener de front l’élévation du niveau des connaissances et l’aide pour pallier les difficultés scolaires et sociales que rencontrent de nombreux jeunes. Le soutien à la réussite scolaire participe de la démocratisation de notre système éducatif. Si ce rapport propose des dispositifs très concrets, il n’est pas question pour nous de nous substituer aux enseignants. Aucune décision ou action pédagogique ne peut être prise à leur place.
Ø En matière de logement : il s’est agi d’une communication déclinant les propositions de la région aux Etats Généraux du logement en Ile-de-France. Le logement n’est pas une compétence de la région, mais face à la crise que nous traversons il nous fallait intervenir. La création de l’Etablissement public foncier régional, l’aide incitative à la construction de logements sociaux, les réhabilitations de logements dégradés (domaine dans lequel nous avons déjà largement dépassé les objectifs de notre programme électoral de 2004 : 200 000 réhabilitations pour 120 000 prévues), l’accélération de la construction de logements étudiants (15 000 d’ici 2010) sont autant de preuves de notre détermination. Elles sont réaffirmées dans les propositions que nous faisons : création d’un syndicat du logement en Ile-de-France, accroître massivement l’effort en faveur du logement (plan d’urgence, passage à 2% du PIB hors aide à la personne, améliorer le fonctionnement du PLS, maintenir la collecte du livret A au bénéfice intégral du financement du logement social, subordonner l’accueil d’activités économiques nouvelles à la réalisation de logements, prévoir dans les PLU une part minimale de logements sociaux (30%), tripler les sanctions en cas de non respect de l’article 55 de la loi SRU, construire un logement social durable et de qualité, empêcher que les bénéficiaires prioritaires du Droit au logement opposable soient relogés dans les ZUS, subordonner la production de logement PLS dans les communes SRU à une production minimum de PLUS et PLAI…
Cette séance fut aussi l’occasion d’approuver le compte administratif 2007. Le taux de réalisation s’élève à 96,7% par rapport au budget primitif. Il est particulièrement élevé et traduit la justesse de nos prévisions budgétaires. On peut constater une augmentation prévisible des dépenses de fonctionnement liée à la décentralisation qui pèse sur l’autofinancement.
Pour finir, il nous faut signaler l’audition de Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’Etat en charge des Affaires européennes. Il intervenait dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne. Notre groupe, par l’intermédiaire de Philippe Ducloux, a souhaité entendre le ministre sur trois sujets précis : l’avenir de l’Europe à la suite du non irlandais, le projet d’Union pour la Méditerranée et la place de la région en Europe. Jean-Pierre Jouyet semblait avoir retrouvé un optimisme de bon aloi qui ne ressortait pas de ses premières déclarations après la victoire du non en Irlande. Il a rappelé l’importance du bassin méditerranéen pour l’Europe, mais ne cacha pas que cette Union pour la Méditerranée était encore loin d’être acquise. Il a conclu sur quelques accents régionalistes en insistant sur la place déterminante des régions en Europe tout en faisant remarquer que la construction européenne est d’abord celle des Etats. Un exercice politique pas très simple pour cet homme de gauche rallié au Président de la République dont il s’est plutôt bien sorti. Il est vrai que les questions avaient été transmises à l’avance et que le cadre d’une audition reste très formel.
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