Discours prononcé par Didier Fischer, vendredi 15 janvier, à la Maison du Voisinage à Coignières, lors de la cérémonie des voeux à la population de l'association Coignières pour Tous.
Monsieur le Président,
Mes Chers Collègues,
Mesdames et Messieurs,
Mes Cher-e-s Ami-e-s,
Il serait difficile lors de cette cérémonie des vœux de ne pas revenir sur cette année écoulée tant elle marquera, à n’en pas douter, l’histoire du monde, de notre pays et de notre commune.
D’un point de vue mondial, 2015 s’est conclue par le grand rassemblement de 195 chefs d’Etat ou de gouvernement lors de la COP 21 à Paris. Si certains ont pu voir dans cette conférence un grand barnum médiatique, il n’en ressort pas moins que ce fut la première fois qu’autant de responsables se rencontraient pour essayer de se mettre d’accord sur l’avenir de notre planète en limitant au maximum le réchauffement climatique. S’il pouvait y avoir encore débat, il y a une quinzaine d’années sur le caractère anthropique de l’augmentation de la température à la surface du globe, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les travaux des scientifiques du GIEC (groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat) ont démontré que l’activité humaine est très majoritairement responsable du réchauffement constaté. En agissant sur cette dernière par l’adoption d’un nouveau modèle de développement plus économe, en supprimant progressivement les énergies fossiles, nous serions en mesure de contenir à moins de deux degrés cette augmentation de la température à l’horizon 2100. L’accord, qui a été adopté, n’est certes pas aussi contraignant que nous l’aurions souhaité, mais il permet néanmoins d’avancer ensemble sur un sujet où les différends restent forts entre les pays.
Toujours d’un point de vue mondial, cette année a été marquée par la guerre civile en Syrie, mais surtout par l’affirmation des positions des djihadistes de Daech qui ont fait main basse sur une partie des territoires irakien et syrien entraînant le départ de plus d’un million de personnes en direction de l’Europe. Si aujourd’hui la progression de l’Etat islamique est enrayée par les frappes aériennes russes et françaises, ainsi que par la résistance au sol des Kurdes et de l’armée irakienne, le flot de réfugiés ne s’interrompt pas pour autant. Le monde entier a été ému par cette photographie du petit Eylan, cet enfant syrien de trois ans mort noyé sur une plage turque. Il y avait dans ce cliché toute la détresse et le malheur de ces populations fuyant la guerre. Il y avait aussi la fin cruelle d’une promesse, celle d’une vie meilleure, d’un recommencement possible loin d’une terre meurtrie par la guerre. Mais il y avait encore bien pire : celle d’une humanité échouée. Cet enfant, le visage dans le sable, nous renvoyait à notre impuissance à protéger les plus faibles, les plus fragiles. Cette innocence fauchée, à la fois par la fureur des combattants et l’avidité des passeurs, hantera longtemps nos mémoires. La position courageuse de la chancelière allemande n’a pas pour autant convaincu. L’Allemagne a dû refermer ses frontières. L’accueil de ces réfugiés n’en demeure pas moins un devoir pour toutes les grandes démocraties.
D’un point de vue national, cette année restera à jamais endeuillée par les attaques terroristes sur notre sol. De Charlie Hebdo au quartier de la République, elles encadrent de manière dramatique, avec leur long cortège de personnes décédées et blessées, cette année 2015. Elles furent l’occasion de mesurer à quel point la République et ses libertés fondamentales, notre mode de vie et ses valeurs, peuvent être remis en question par des fanatiques qui brandissent la religion comme une arme de guerre. Nous avons ce soir une pensée pour toutes les victimes et leurs familles. Notre détermination à refuser la terreur dans laquelle ces assassins veulent nous entraîner est entière et ne faiblira pas. Les drapeaux tricolores, que nous avons été nombreux à brandir ces derniers mois, ne sont pas le symbole d’une quelconque vengeance nationaliste, mais celui d’une France à l’unité réaffirmée et fière de ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.
D’un point de vue communal, cette année 2015 fut aussi riche en événements. La démission d’Henri Pailleux, à qui nous adressons un salut républicain, et l’élection par une majorité du conseil municipal de Jean-Pierre Sevestre, à qui nous renouvelons nos félicitations, sont à inscrire sur ce registre événementiel. Et cela d’autant plus, que la fin du mandat d’Henri Pailleux annonce une rupture politique importante pour notre commune. Si les pratiques vis-à-vis de l’opposition restent les mêmes, refus du dialogue et mise à l’écart, un tournant à 180 degrés est pris sur à peu près tous les dossiers fondamentaux. A tel point d’ailleurs qu’il serait, à ce stade, plus honnête que le nouveau maire et sa majorité retournent devant les électeurs. Avoir fait campagne en 2014, contre le retour dans la CASQY, contre l’aménagement de la N10, contre la transformation du Plan d’occupation des sols (POS) en un Plan local d’urbanisme (PLU), et un an après se faire l’avocat zélé de l’entrée dans la CASQY, de l’enfouissement de la N10, de l’élaboration d’un PLU, peut surprendre.
Il est vrai que sur deux de ces dossiers la commune se voit imposer par l’Etat les solutions qu’elle rejetait. La nouvelle carte de l’intercommunalité arrêtée par le préfet ne laisse guère le choix puisqu’elle nous impose le mariage avec la CASQY, tandis que le passage au PLU est une obligation de la loi. Pourtant, sur le premier dossier, à l’instar des initiatives de notre groupe et de l’association de défense de la CCE, il était possible de manifester son refus d’un tel « diktat ». Le nouveau maire, tout en suivant les préparatifs à l’entrée dans la CASQY, pouvait très bien continuer de soutenir les démarches engagées devant le Conseil d’Etat et le Tribunal administratif de Paris, auxquelles il avait, dans un premier temps, souscrites. En dépit de nos demandes réitérées en conseil municipal, il a fait le choix de tourner le dos à ce qu’il défendait avant son élection. Il a aussi refusé de faire voter le conseil municipal sur le nouveau schéma départemental du préfet pour éviter d’avoir à se prononcer. Il justifie ce revirement par le caractère inéluctable de cette entrée et dit s’inscrire dans une vision d’avenir. Mais de quel avenir parle-t-il réellement ? Personne ne le sait puisqu’il a refusé d’associer la population à ce tournant historique que constitue notre retour dans la CASQY. En revanche, il a su, au risque de tordre le coup au suffrage universel, se faire élire comme conseiller communautaire à la CASQY. Notre groupe, qui conteste cette élection, a saisi le Tribunal administratif. Notre requête a été déclarée recevable. L’audience publique aura lieu le 11 février. Sinon, depuis le 1er janvier 2016, nous appartenons donc à ce grand ensemble de 12 communes et de 230 000 habitants, mais la manière dont cette intégration s’effectue est plutôt inquiétante et menace les intérêts des Coigniériens. Il est aujourd’hui clair que nos impôts locaux vont très fortement augmenter, mais en échange les services ne suivront pas la même progression. Dès cette année, l’introduction de la Taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM) aura une incidence sur nos budgets, même si le principe d’un lissage sur 10 ans pour rendre progressif cette augmentation a été acté. Il est tout aussi clair que la répartition de nouvelles constructions de logements à l’échelle de l’agglomération nous obligera à prendre une part conséquente de cet effort. Le Plan local d’urbanisme (PLU) en préparation en donne un avant-goût.
Pour le PLU, le maire a d’ailleurs pris soin d’écarter les élus de Coignières pour Tous de la réflexion en créant un groupe de travail dont nous sommes exclus. Il craint probablement que nous informions la population sur tous les points litigieux du projet que la majorité est en train de concocter avec l’aide d’une agence d’urbanistes. Les premières propositions qui ont filtré ne sont guère rassurantes. Nous relèverons ici les trois plus importantes : forte densification de notre tissu urbain, restructuration de la résidence des Acacias et enfouissement de la N10.
- Si la philosophie du projet est d’essayer de protéger au mieux les espaces naturels et agricoles, ce sur quoi nous sommes d’accord, une forte densification de notre commune est prévue à l’horizon 2030. La construction de près d’un millier de logements pour une augmentation de la population pouvant au moins atteindre les deux mille habitants y sont inscrites. Le problème, c’est que nous sommes là avec des prévisions basses. Notre entrée dans la CASQY fait que nous perdons en partie la maîtrise de notre sol. Nous pourrions nous voir imposer au final beaucoup plus. Il est clair que ce PLU, en matière de logement, entérinera une évolution de Coignières comparable à celle que la commune a vécu dans les années 1970-1980.
- Une restructuration complète de la résidence des Acacias est aussi une des options prévues. Nous ne sommes pas hostiles à son principe. Nous l’avions même proposée lors de la campagne municipale de 2014. Nous soutiendrons donc ce qui permettra de mieux intégrer à l’ensemble de la ville cette résidence. En revanche, les propositions faites ne sont pas, à notre sens, satisfaisantes. Si la destruction du silo et le réaménagement de ses abords sont une bonne chose, le prolongement de l’avenue du Bois à travers la résidence des Acacias pour atteindre le boulevard des Arpents, ainsi que l’ouverture aux véhicules de la rue des Marchands posent à notre sens un véritable problème de sécurité pour les habitants, et surtout pour les enfants. En effet, le délestage d’une partie du flux automobile de la N10 aux pieds des immeubles n’est évidemment pas souhaitable. L’ouverture de la résidence sur la ville peut se faire autrement, notamment par la réalisation de voies douces - réservées aux cyclistes, aux rollers et aux piétons - mais interdites à tous les engins motorisés à l’exception de ceux des pompiers.
- La proposition d’enfouir en partie la N10 pour réunir la ville et développer la construction de logements en proximité de la gare est plutôt un projet intéressant qui était là encore le nôtre lors de la campagne électorale de 2014. Vous vous souvenez probablement avec quelle violence la liste adverse l’avait critiqué. Aujourd’hui, à travers le PLU, la majorité le reprend en partie à son compte. Mais en partie seulement, puisqu’il s’agit d’un enfouissement a minima et d’un développement multimodal de la gare où reste absent, à l’exception du train, les lignes d’autobus. Pourtant, si notre entrée dans la CASQY peut avoir un avantage, c’est bien en matière de desserte en transports collectifs. Quant aux constructions prévues, elles ne font pas réellement état d’une restructuration des zones d’activités. Nous nous dirigeons plutôt vers l’utilisation de la parcelle de peupliers en bordure de la RN10 entre les salons Saint-Exupéry et Maison Blanche. Il est difficile de faire plus mal pour les futurs habitants.
On peut en effet comprendre que pour produire un tel document l’équipe majoritaire ait voulu nous écarter. Il n’est évidemment pas dans son intention d’en faire une publicité importante. Le maire se contentera de ce que la loi impose en matière de consultation de la population. Notre association considère qu’il n’est plus possible aujourd’hui de pouvoir envisager de telles transformations sans mettre en place une véritable structure de concertation et de co-élaboration avec la population. C’est bien pour cela que nous vous proposons sur ce sujet, capital pour l’avenir de notre commune, une réunion publique le vendredi 25 mars à 20h30, à la Maison du Voisinage. Cela nous permettra d’échanger avec vous, de mieux comprendre, dans le cadre de cette procédure du PLU, où se situent vos attentes et d’élaborer avec vous des solutions réalistes. Cette réunion se veut la première d’un genre nouveau, puisque nous proposerons ensuite à celles et ceux qui le souhaitent des rendez-vous réguliers de travail.
En 2016, vous l’aurez compris, notre groupe restera très actif sur tous les sujets qui touchent la vie quotidienne de nos concitoyens. Notre opposition, en dépit du comportement discutable de la majorité à notre égard, demeurera constructive. L’intérêt général guide, avant toute autre considération, notre démarche. Nous sommes d’abord au service des Coigniériennes et des Coigniériens. Nous soutiendrons les propositions de la majorité qui méritent de l’être. Nous dénoncerons celles qui, à notre sens, posent problème, mais nous offrirons toujours en contrepoint une solution, à plus forte raison si cette dernière a été élaborée avec vous !
La vision forte que nous avons de notre commune est toujours celle que nous défendions lors de l’élection municipale de 2014. Une ville où chacun d’entre vous a sa place, des plus jeunes aux plus anciens, dans un projet réellement intergénérationnel. Une ville réunie et solidaire, tournée résolument vers un développement harmonieux et durable, une ville où la tranquillité et la sécurité de tous seront constamment assurées.
Avant de conclure mon propos, je tenais à remercier tous les généreux donateurs et généreuses donatrices qui nous soutiennent et qui nous permettent ainsi de pouvoir éditer nos documents (quatre pages ou lettres) et d’entretenir un site. Notre association ne reçoit aucune subvention. C’est la cotisation de ses adhérents et vos dons qui lui permettent d’effectuer les dépenses nécessaires pour faire vivre notre démocratie locale.
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter, au nom de l’ensemble de notre groupe et de notre association, une très belle année 2016. Qu’elle vous permette de trouver les chemins de la sérénité et du bonheur. Qu’elle vous soit aussi douce que possible, à vous et à l’ensemble de vos proches. Qu’elle nous donne à toutes et tous la sagesse d’écouter l’autre et surtout qu’elle nous éloigne de tout préjugé. C’est ainsi que le message républicain prendra tout son sens et qu’ensemble, fiers de ce que nous sommes, nous construirons notre avenir.
Montaigne dans ses Essais écrivait : « Ce que nous voyons advenir advient ; mais il pouvait autrement advenir ». Ainsi, pour ce grand philosophe du XVIe siècle, le bon avenir résulte-t-il toujours d’une volonté.
Je vous souhaite, je nous souhaite, pour 2016, de maintenir vivante cette volonté.
Je vous remercie.
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