Les cris d’orfraies poussés par l’entourage du candidat Sarkozy, au sujet de la proposition de François Hollande visant à taxer à 75% la part des revenus au-delà d’un million d’euros par an, confirment bien que depuis le Fouquet’s et le yacht de Bolloré rien n’a changé. Le « président des riches » a beau faire croire que l’expérience du pouvoir l’aurait transformé en « candidat du peuple », personne ne peut croire, après de telles réactions, à cette fable électorale. Les quelques propositions sociales et fiscales égrainées par Nicolas Sarkozy au cours de ses premières réunions publiques vont presque toutes dans le même sens : prendre aux plus pauvres pour donner à ceux qui le sont un peu moins. On fait mieux en matière de justice sociale. Et cela d’autant plus, qu’il demande aux Français de se serrer la ceinture tout en épargnant ses amis les plus fortunés. La réforme fiscale proposée par François Hollande est à l’opposé de ce malthusianisme social et renoue avec le principe républicain affirmant que chaque citoyen doit participer à l’effort général à la hauteur de ses moyens. La fusion à terme de l’impôt sur le revenu et de la CSG, l’imposition des revenus du capital comme ceux du travail, la création d’une tranche supplémentaire de 45% pour les revenus supérieurs à 150 000 euros par part, la suppression de l’allègement récent de l’impôt sur la fortune ne sont, dans le contexte actuel, que des mesures de justice. La réduction nécessaire des déficits et le désendettement progressif du pays ne peuvent être envisagés que dans le cadre d’une répartition équitable des contributions. Augmenter la participation des Français les plus riches, dont nombre d’entre eux grâce au jeu des niches fiscales échappent en partie à l’impôt, n’est pas scandaleux. Le scandale se situe plutôt dans l’opposition de la droite à ces mesures. A ceux qui nous expliquent qu’elles feront fuir à l’étranger les grosses fortunes, il suffit de rappeler que le bouclier fiscal institué en 2007 pour inciter au retour de celles-ci a été d’une totale inefficacité. Nos élites fortunées seront évidemment libres de renouer avec les très riches heures de l’émigration à Coblence. A moins que la représentation parlementaire décide de faire contribuer le citoyen non plus en fonction de son lieu de résidence, mais selon sa nationalité. Ainsi un citoyen français vivant à l’étranger paierait-il son impôt sur le revenu à l’administration fiscale française. En fait, l’absence, ces dernières années, de tout projet ou proposition de loi allant dans ce sens révèle mieux qu’une longue démonstration le caractère fantasmagorique de l’argument de la fuite des riches. Il y a sûrement plus d’argent à récupérer en menant une politique systématique de lutte contre la fraude fiscale.
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