L’année s’achève sur un triste record : celui d’un taux de chômage qui n’a jamais été aussi élevé depuis dix ans. Au-delà des statistiques, cela veut dire des centaines de milliers de femmes et d’hommes confrontés aux difficultés de vivre, qui doivent choisir entre se nourrir ou se soigner, qui sont de plus en plus obligés de s’en remettre à l’aide publique et associative. La perte d’un emploi se conjugue aussi pour des familles entières avec la menace d’expulsion de leur logement. Le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre est malheureusement éloquent sur ces cas de détresse ordinaire qui se multiplient. Si la crise économique et financière porte une lourde responsabilité dans cette situation, l’absence de réponse coordonnée à l’échelle européenne renforce le mal. De plan de rigueur en plan de rigueur, les Etats ne font que saigner un peu plus le malade et tuent toute possibilité de reprise économique. La France est entrée en récession et l’Allemagne, pourtant réputée mieux portante, n’en est pas loin non plus. Les Français affichent ostensiblement leur pessimisme. Pourtant est-il déraisonnable de croire possible, au moins à moyen terme, un retournement de situation ? Notre pays n’est pas condamné à s’enfoncer inexorablement dans le marasme économique et social. Nous sommes riches de talents multiples qui ne demandent qu’à éclore. Notre force réside à la fois dans notre jeunesse, plus nombreuse que dans bien des pays européens, et dans notre capacité à investir dans des productions agricoles et industrielles de qualité. Il ne faut pas tout attendre d’une éventuelle relocalisation industrielle qui risque de s’avérer assez vite un leurre. Il est préférable d’accentuer nos efforts pour la création d’entreprises dans les principaux secteurs de pointe avec des exigences de haute qualité sociale et environnementale. Il reste à espérer que l’année électorale qui s’ouvre permettra d’en débattre sur le fond et ne se résumera pas, dans un camp comme dans l’autre, à attiser les peurs. « La connaissance poétique est celle où l’homme éclabousse l’objet de toutes ses richesses mobilisées », écrivait Aimé Césaire. Si le poète peut montrer le chemin, comme la mort récente de Vaclav Havel nous le rappelle, je vous souhaite, je nous souhaite en cette année nouvelle, de mobiliser nos richesses pour un monde plus juste et fraternel.
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