Les places financières européennes dévissent. Un vent de panique s’empare de la zone euro. Nombre de pays sont au bord de la cessation de paiement quand cela n’est pas déjà fait, à l’image de la Grèce qui ne peut plus honorer ses dettes. La crise financière de 2008 revient comme un boomerang au moment même où les Etats renoncent à la relance budgétaire face à des taux d’endettement historiques. En dépit de la timide reprise économique de ces derniers mois, la crise reste bien devant nous. Et cela d’autant plus que la panique, née du ralentissement économique mondial et des inquiétudes sur les dettes des Etats, a désormais gagné la plupart des dirigeants politiques. Le processus n’a pourtant rien de bien mystérieux. Les investisseurs exigent des taux de plus en plus élevés en échange de nouveaux prêts. Affolés par le sort réservé à la Grèce, à l’Irlande, au Portugal et peut-être bientôt à l’Espagne et à l’Italie, les pays européens tentent de donner des gages de bonne gouvernance budgétaire aux marchés. On taille allègrement dans les dépenses de fonctionnement et d’investissement au risque de condamner pour de longues années toute forme de reprise de la croissance. On savait depuis longtemps que les politiques avaient cédé à la dictature des marchés. Cette nouvelle crise le révèle de la pire des manières en mettant publiquement l’accent sur leur revirement contradictoire. Après avoir emprunté les chemins de la régulation économique en 2008, tout effarouché par tant d’audace, ils sont revenus dans les rails de l’obédience libérale. Comme le souligne, Jean-Paul Fitoussi : « Aujourd’hui, à la faveur du vent d’austérité budgétaire, on redimensionne et on affaiblit le rôle de l’Etat. Une contradiction totale par rapport à la volonté de mettre les marchés sous tutelle ». En retard d’une guerre et incapable de peser sur le destin du pays, le gouvernement français communique : François Baroin annule ses vacances tandis que Nicolas Sarkozy, entre deux sorties à vélo, téléphone aux grands de ce monde. Combien de temps encore allons-nous ainsi amuser la galerie et nous complaire dans cette politique de gribouille ? Il faut rapidement tirer toutes les conséquences de cette situation et passer à une nouvelle étape de la construction européenne. L’Euro est mort, vive l’Euro ! On ne sauvera pas les pays en grave difficulté les uns après les autres, comme font semblant de le croire nos dirigeants. Cela serait faire sans fin la politique des marchés. Nous n’avons pas à leur répondre sur ce terrain. Si la France compte encore en Europe, elle doit prendre la tête d’un mouvement visant à changer les règles en vigueur par la mise en place d’eurobonds qui permettraient à tous les pays d’emprunter à un taux unique et instituer une vraie politique budgétaire fédérale dans le cadre de l’Union européenne. Paradoxalement, cette crise financière est une chance pour l’Europe. Il suffit simplement de s’en convaincre. Une candidate de gauche à l’élection présidentielle, comme Martine Aubry, par sa connaissance des affaires européennes et ses compétences en matière économique et sociale, doit pouvoir porter ce nouveau projet et créer la dynamique suffisante pour passer de l’intention à l’acte.
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