L’équation du premier degré tient en deux chiffres et une inconnue : quatre mille neuf cents élèves de maternelle et primaire en plus, huit mille neuf cent soixante sept postes d'enseignants en moins, combien de classes fermées à la rentrée 2011 ? Dans notre système éducatif, c’est l’école élémentaire qui paie le plus lourd tribut au dogme du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite. Il est probable qu’à l’échelle du pays plus de 2 500 classes seront ainsi fermées à l’issue de cette année scolaire. Cette coupe claire sans précédent est en totale contradiction avec les objectifs pédagogiques annoncés en faveur des enfants de 6 à 11 ans. Comment mieux travailler les fondamentaux - le français et les mathématiques - sans négliger l’éveil aux disciplines artistiques et sportives avec une forte augmentation du nombre des élèves par classe et l’impossibilité de pallier les absences des enseignants (maladie, formation, congés de maternité) ? Il est clair aujourd’hui que l’équation ne peut plus être résolue. Les premières victimes de cette politique qui confine à la démence seront les enfants les plus en difficulté qui ne trouvent pas dans la famille le capital culturel suffisant pour compenser l’apport aléatoire de l’école. C’est aussi de cette façon que les inégalités se creusent un peu plus. Les parents d’élèves, qui en France se mobilisent pour réclamer aux recteurs de revenir sur les fermetures programmées, ont bien compris l’enjeu du problème. Il s’agit ni plus ni moins d’un coup supplémentaire porté à l’école publique au moment même où toutes les études nous invitent à investir dans l’enseignement primaire. Si au sein du gouvernement quelques ministres commencent à s’inquiéter des conséquences des suppressions de postes dans la fonction publique, Nicolas Sarkozy semble toujours accrocher à son dogme pour s’éviter un renoncement supplémentaire. Il y a fort à parier qu’il n’y parvienne pas, mais le mal est déjà fait. Il faudra à la gauche, si elle gagne l’élection présidentielle, inverser le mouvement et faire de l’éducation un pilier de sa politique de reconstruction.
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