Source AFP
Les experts ont notamment pointé le traitement des gens du voyage et des Roms, le débat sur l'identité nationale et la non-reconnaissance du droit des minorités dans la législation © AFP
Les experts du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU (CERD) ont mis la France sur le banc des accusés mercredi lors de l'examen de sa politique des minorités, dénonçant une "recrudescence notable du racisme" dans le pays des droits de l'homme. Les 18 experts ont salué l'annonce inattendue faite par la délégation française de la préparation d'un plan national de lutte contre le racisme, après la présentation d'un rapport de 90 pages sur les mesures prises par les autorités du pays pour lutter contre les discriminations depuis son dernier examen devant le CERD en 2005.
Les arguments français sont toutefois loin d'avoir convaincu les experts du comité dont les critiques ont fusé durant un débat intense de plus de deux heures. Malgré de nombreux instruments légaux, la France est confrontée à une "recrudescence notable du racisme et de la xénophobie", a relevé l'expert togolais, Ewomsan Kokou. Pour le rapporteur américain Pierre-Richard Prosper, la raison se résume en quelques mots : le manque "de vraie volonté politique".
Alors que les ONG dénoncent une "régression vers une rupture de l'égalité de traitement", les experts du comité n'ont épargné aucun sujet, que ce soit le traitement des gens du voyage et des Roms, le débat sur l'identité nationale, la non-reconnaissance du droit des minorités dans la législation, ainsi que le durcissement du discours politique. Concernant les gens du voyage, certains ont particulièrement dénoncé le système d'attribution de visa de circulation ainsi que le droit de vote conditionné à plusieurs mois de vie dans la même commune.
"Le carnet de circulation nous effraie, nous rappelle l'époque de Pétain", a expliqué Waliakoye Saidou (Niger).De son côté, l'expert turc s'est étonné de la notion de "Français d'origine étrangère" dans une allusion directe aux récentes déclarations du président français Nicolas Sarkozy qui a réclamé que la nationalité française puisse "être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte" à un "dépositaire de l'autorité publique". "Je ne comprends pas ce que c'est qu'un Français d'origine étrangère" et "je me demande si cela est compatible avec la Constitution", s'est interrogé Gun Kut.
Au total, les experts, qui attendent jeudi les réponses de la France avant de dresser leurs recommandations, ont jugé que les résultats n'étaient pas à la hauteur des efforts. "La France a été mise sur le grill" comme jamais auparavant, a estimé Malik Salemkour de la Ligue des droits de l'homme.
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