La fronde des élus locaux ne retombe pas après l’intervention de François Fillon devant le congrès de l’Association des maires de France. Au moment où le Sénat s’apprête à engager la discussion du projet de loi de finances, le Premier ministre a essayé de convaincre une assistance très remontée contre la suppression de la taxe professionnelle. Il a assuré que les communes et les intercommunalités ne seront pas pénalisées. Les 17,3 milliards d’euros de taxe professionnelle seront, selon lui, remplacés « pour 98,8% par des transferts fiscaux et pour 1,2% par une dotation d’Etat ». A moins d’un mois et demi de la mise en application de cette réforme, on ne sait d’où il tient ces proportions, comme on ne sait toujours pas quels seront ces fameux transferts fiscaux. Le sait-il lui-même ? Autant dire que la visibilité fiscale des collectivités territoriales, qui définissent actuellement leurs orientations budgétaires, est quasiment nulle ! Jamais, elles ne se sont trouvées dans une telle situation. On ne peut accuser les élus d’être trop nombreux et de ne regarder ni aux dépenses ni aux embauches tout en leur demandant de financer plan de relance, grand emprunt. N’oublions pas qu’aujourd’hui les collectivités territoriales (communes, départements, régions) représentent plus de 74 % de l’investissement utile de notre pays. Le très politiquement correct président de l’AMF, Jacques Pélissard (député-maire UMP) de Lons-Le-Saunier n’a pu s’empêcher de dénoncer « le double langage de l’Etat qui demande aux collectivités territoriales d’assurer les services de proximité et dans le même temps de réduire leurs effectifs ». Cette suppression de la taxe professionnelle est un très mauvais coup porté aux collectivités territoriales qui perdront dans cette affaire une part non négligeable de leur autonomie fiscale puisqu’elles ne pourront jouer sur les compensations de l’Etat comme sur un taux d’imposition. En plus, le maintien de ces dernières n’est aucunement garanti. L’équilibre qui existait jusque là en matière d’impôt local entre la part payée par les habitants (48%) et celle payée par les entreprises (52%) sera rompu au profit exclusif de ces dernières. Si le projet de loi est adopté en l’état, la contribution des premiers montera à plus de 74%. L’inquiétude des élus, qui prennent en compte l’intérêt de leurs concitoyens, est pleinement justifiée. Il faudra augmenter de manière conséquente la taxe d’habitation et la taxe foncière si les communes veulent conserver le même niveau de services à leur population. Si la taxe professionnelle était considérée par certains comme « un impôt imbécile », sa suppression sans concertation et dans la précipitation est une ineptie.
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