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Le « Grand Paris » du Président de la République marque, au moins dans les mots, la fin du désengagement de l’Etat. Nicolas Sarkozy a reconnu hier l’enjeu essentiel que représentent les transports en Ile-de-France. Il a implicitement validé l’ensemble du plan de mobilisation de 18 milliards proposé par Jean-Paul Huchon depuis près d’un an. « C’est une bonne nouvelle pour les Franciliens », comme l’a affirmé ce dernier. La situation actuelle ne pouvait plus durer. Nicolas Sarkozy est néanmoins resté très prudent sur le financement de la construction d’un nouveau réseau de transport et des améliorations de l’existant. S’il estime à 35 milliards les investissements nécessaires, il ne s’est pas engagé sur le montant de la participation de l’Etat. Il renvoie habilement cette question à un projet de loi sur les infrastructures du nouveau système de transports en commun qui sera déposé en octobre. Il devrait fixer « les modalités de la maîtrise d’ouvrage, les outils juridiques et les moyens de financement » a-t-il précisé, en évoquant néanmoins la possibilité de recourir à un partenariat public-privé. Par-delà la question des transports, il a développé sans le dire une vision de l’aménagement durable de l’Ile-de-France qui n’est guère éloignée de celle qui figure dans le SDRIF (Schéma directeur de la région Ile-de-France). Document, que le gouvernement n’a toujours pas transmis au Conseil d’Etat pour application ! Envisager la construction par an de 70 000 logements, comme le fait le Président de la République, contre les 60 000 prévus au SDRIF ne change pas fondamentalement la donne. En revanche, on aurait apprécié que la surenchère s’accompagne d’une réflexion sur le logement social, étrangement absent du propos présidentiel. Mais quels que soient les chiffres, comme le souligne Jean-Paul Huchon, « cette bataille du logement ne pourra être remportée que si le gouvernement se décide enfin à faire appliquer la loi SRU ». Au lieu de cela, il a beaucoup insisté sur la déréglementation du droit de l’urbanisme qui permettrait, selon lui, d’accroître la densification et de conquérir jusqu’aux zones inondables. Compte-t-il faire des maisons sur pilotis ? S’il s’agit là d’un moyen de répondre à l’argument sur la rareté du foncier, il faut surtout y voir une concession politique à sa majorité. Pour finir, il s’est bien gardé d’évoquer la gouvernance de ce « Grand Paris » en rejetant la question aux calendes grecques et en faisant quelques allusions au travail des élus franciliens dans le cadre du syndicat « Paris Métropole » constitué par eux, mais que le rapport Balladur rayait d’un trait de plume en proposant la fusion de Paris et des départements limitrophes. Est-il interdit de penser que la loi de l’automne, par le biais de la maîtrise d’ouvrage, ne reposera pas d’une manière ou d’une autre la question de la gouvernance ?
« Le coq est le seul animal qui les deux pieds dans la merde chante encore », disait un humoriste célèbre. Il lui suffit d’un bon tas de fumier dominant le poulailler pour en imposer à ses congénères. Nicolas Sarkozy n’a même plus à forcer son talent pour s’identifier à l’emblème gaulois qui souvent orne nos fermes et nos clochers. Il se verrait bien en maître du monde, mais la place est déjà prise par Barack Obama. Même si ce dernier « n’a jamais géré un ministère », lui voler la vedette sera bien difficile. Il reste alors l’Europe où le président français pourrait laisser libre court à ses envies, mais là aussi la concurrence est rude. José Manuel Barroso et Angela Merkel ne lui offrent pas tout l’espace qu’il souhaiterait. Il n’y a plus alors que la bonne vieille méthode du discrédit pour se frayer une place. « Barroso a été totalement absent du G20 » et Angela Merkel, « quand elle s’est rendue compte de l’état de ses banques et de son industrie automobile, elle n’a pas eu d’autre choix que de se rallier à ma position ». Et pourquoi pas ! Tout cela serait risible si ce n’était inquiétant. Arrivé au plus haut sommet de l’Etat, Nicolas Sarkozy ne semble toujours pas en avoir fini avec son complexe de dernier de la classe qui a réussi à forcer le destin. Rien ne peut dès lors l’arrêter dans la surenchère, et cela d’autant plus que la plupart des médias complaisants lui renvoient l’image qu’il attend. Ne serait-il pas temps quand même de s’interroger sur une attitude qui dessert la France dans le monde et dont l’efficacité politique intérieure est douteuse au regard des résultats obtenus ? Au-delà des effets d’annonce à l’emporte-pièce, qui est en mesure de citer une réforme de ce début de quinquennat qui ait réellement apporté un mieux aux Français ? Jusqu’au plan de relance, dont le ministre Devedjian se félicitait ces jours derniers, qui semble bien maigrelet face aux enjeux du moment et dont les rares effets ne se feront sentir que dans deux ou trois ans. En fait, Nicolas Sarkozy, sans l’avouer, compte beaucoup plus sur les efforts américains et allemands pour relancer l’économie mondiale. Comme ces derniers bénéficieront aussi à l’économie française, il pourra s’en approprier les mérites. En attendant, il reste au président français à faire du Sarkozy, sans d’ailleurs que cela n'inquiète le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre, plus prompt à dénoncer les malades imaginaires du camp adverse.
Jean-Paul Huchon a rencontré les représentants du personnel et la direction de Continental le vendredi 27 mars à Rambouillet. Il a rappelé à ses interlocuteurs les compétences régionales en matière de formation professionnelle avant d’expliquer qu’il souhaitait faire du site rambolitain un exemple d’intervention régionale dans le cadre de la convention Etat-région-partenaires sociaux adoptée la veille par le Conseil régional. Cette convention aide à la mutualisation des efforts des signataires en matière de formation professionnelle pour parer aux conséquences sociales de la crise économique.
Elle permet d’agir dans quatre directions : anticiper les mutations économiques, maintenir l’emploi dans les entreprises en difficulté, mettre en place des formations pendant les périodes de chômage partiel, accompagner les salariés licenciés dans leur reconversion. Il a aussi demandé à Denis Tersen, Directeur de l’Agence régionale de développement qui l’accompagnait, de tout faire pour favoriser la réindustrialisation du site de Rambouillet.
Les représentants du personnel et le directeur de l’usine ont manifesté leur accord pour travailler ensemble sur ces bases. Ce dernier a démenti une éventuelle fermeture de Continental-Rambouillet. Il a expliqué que le groupe maintenait la délocalisation d’une grande partie de la production en Tunisie, même si un retard d’un an été pris. Cela devrait permettre de différer d’autant la majorité des 382 licenciements actés au « Plan de sauvegarde de l’emploi ».
Il n’est évidemment pas question pour la région de verser des subventions à une entreprise qui délocalise, mais de tenter en mobilisant les dispositifs de l’Etat, de la région et des partenaires sociaux de sauvegarder un maximum d’emplois sur le site actuel, de mieux former les personnels, de favoriser la reconversion de ceux qui seront licenciés et d’attirer de nouvelles activités.
Une autre rencontre est prévue au mois de mai pour faire le point de la situation et de l’engagement de la convention. La région n’abandonnera pas les salariés de Continental.
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