Ces dernières semaines, les prisons ont défié la chronique. Suicides de détenus et évasions spectaculaires ont fait la une de la presse. La surpopulation carcérale a de nouveau été pointée comme la principale responsable de ces événements dramatiques. Avec plus de 63 000 prisonniers pour 51 000 places, la France est en effet un des pays d’Europe où les conditions de détention sont les plus mauvaises. Dans certaines maisons d’arrêts, on enferme dans une cellule de moins de 9 m2 jusqu’à 3 détenus. Les conditions d’hygiène et d’intimité sont telles que l’on peut parler sans exagérer d’atteinte à la dignité humaine. La peine est la privation de liberté, elle ne doit pas se doubler de mesures humiliantes comme c’est malheureusement trop souvent le cas. Depuis les années soixante-dix et les travaux du philosophe Michel Foucault, le sujet de l’inhumanité des prisons françaises suscite des rapports parlementaires, des campagnes de presse, des livres de témoignage, puis retombe périodiquement dans l’oubli. On construit bien quelques places supplémentaires : 3400 environ de 2002 à 2008. Jacques Chirac avait même nommé un secrétaire d’Etat en charge de l’immobilier carcéral en 2002, qui depuis… a été condamné par la justice. La solution n’est évidemment pas dans cette fuite en avant immobilière, mais bien dans notre politique judiciaire et pénitentiaire confrontée à une réflexion sur le sens de la peine. A quoi voulons-nous que servent les sanctions infligées ? Mettre en marge de la société ? Apprendre les normes du vivre ensemble ? Offrir une réparation au tort produit ? Responsabiliser face au méfait commis ? Faciliter la réinsertion sociale ? Tant que notre réponse à la délinquance se limitera à incarcérer massivement, et ce mouvement s’est renforcé depuis l’arrivée à la tête de l’Etat de Nicolas Sarkozy, la situation dans les prisons françaises continuera de se détériorer. Des peines de substitution à la prison existent : le contrôle judiciaire, le sursis avec mise à l’épreuve, le travail d’intérêt général (TIG), la liberté conditionnelle… Il faut mieux les utiliser, voire les développer. Et cela d’autant plus qu’elles obtiennent de meilleurs résultats que la prison en terme de lutte contre la récidive et représentent un moindre coût pour la collectivité. Avec le prix de revient d’une nouvelle place de prison (106 400 €), nous pouvons financer 5911 heures de placement extérieur. Alors pourquoi hésiter ? Peut-être parce qu’il s’agit d’une question de représentation mentale. Dans l’inconscient collectif, il n’y aurait que l’enfermement d’efficace pour expier ses crimes !
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