A l’issue d’une concertation exemplaire et après l’avis favorable à l’unanimité de la commission qui avait en charge l’enquête publique, nous avons adopté jeudi soir notre projet de schéma directeur par 148 voix pour et 58 voix contre*. Il engage le développement de la région pour les trente ans à venir. Il reste dès lors au gouvernement, selon la loi, à transmettre ce document au Conseil d’Etat afin qu’un décret permette sa mise en application.
Les débats lors de cette séance ont été sans surprise. Les orateurs de la majorité régionale, rejoints par ceux du Modem, se sont évertués à montrer tout le bien qu’ils pensaient du schéma d’aménagement, tandis que ceux de la minorité ont entonné le chant du cygne. Il fut toutefois particulièrement malaisé pour ces derniers de tenir une position cohérente dans la mesure où lors des débats antérieurs ils avaient approuvé ses grandes orientations. Ils leur restaient donc à dénoncer un prétendu manque d’ambition
La reconstruction de la ville sur la ville, la polarisation de l’espace, le renforcement de l’attractivité du territoire, la réduction des disparités spatiales et sociales, la protection des espaces agricoles et naturels et cela, avec pour objectifs concrets, la construction de 60 000 logements par an, le développement des transports en commun (tout particulièrement ceux de banlieue à banlieue), une meilleure répartition de l’activité économique à l’échelle de la région ne seraient-ils pas des projets ambitieux ?
Ils s’accrochèrent donc, comme les naufragés à leur planche, à la fameuse hypothèse de 2% de croissance inscrite dans le SDRIF qu’ils jugent trop faible. Ils en voulaient 5. Pourquoi 5 ? Mystère ! Le chiffre sonne bien peut-être. Il vient du secrétaire d’Etat à la région capitale dont la lettre de mission présidentielle est d’empêcher la gauche de réussir en Ile-de-France.
Il n’a pas été très difficile de faire la démonstration qu’une telle hypothèse, alors même que le gouvernement à toutes les peines du monde à afficher aujourd’hui une croissance de 1% dans la préparation de son budget, n’était pas crédible. Le volontarisme ne fait pas tout, sinon à gonfler artificiellement les taux. Mais cela ne dure que ce que vivent les roses et les désillusions sont souvent cruelles.
L’UMP régionale, flanqué du Nouveau Centre, semble aussi ne pas avoir compris que nous avons changé d’ère. La croissance ne peut plus se concevoir comme dans les années 1960. La quantité n’est plus un objectif en soi. C’est la qualité qui aujourd’hui doit primer. Aussi Le SDRIF offre-t-il un nouveau modèle de développement à suivre pour la région Ile-de-France.
Il est dommage que ces élus, pour des raisons de tactiques politiciennes et largement instrumentalisés par l’Elysée, soient ainsi restés sur des positions d’un autre âge. Il y a fort à parier que le gouvernement, mis en échec après l’adoption du SDRIF, tente de changer les règles du jeu. Le secrétaire d’Etat à la région capitale fera, à n’en pas douter, des propositions dans ce sens.
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- Pour : PS, PC, MRC, PRG, Verts et Modem
- Contre : UMP, Nouveau Centre, Front National
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