Les 35 heures n’en finissent plus de mourir. Proches de la phase terminale, il n’y a néanmoins personne qui ose débrancher le respirateur artificiel. Pour l’ancien rapporteur socialiste de la loi Aubry, Gaétan Gorce, le temps de travail n’est plus « une question centrale ». Il est vrai que cette mesure emblématique du gouvernement Jospin a contribué à couper le parti socialiste de sa base ouvrière. La réduction du temps de travail s’est souvent accompagnée d’une modération salariale sur plusieurs années et d’une dégradation des conditions de travail. Il est aujourd’hui assez bien établi que ce sont les cadres des grands groupes qui en ont tiré le plus grand profit, tandis que 40% des salariés n’y ont jamais eu accès. Le principe n’était pas forcément aberrant. Il reposait sur le partage du travail pour donner un emploi à ceux qui n’en avaient pas. Les prévisions les plus optimistes avançaient jusqu’à la création de deux millions d’emplois. Les conditions de sa mise en application ne permis pas de dépasser la barre des 350 000. Cela était notoirement insuffisant pour clouer le bec à la droite qui dénonçait le coût de l’opération et criait à la dilapidation de la valeur travail. Elle renouait au passage avec des accents historiques que le Vichy du maréchal en but au Front populaire n’aurait pas désavoué. Mais force est de constater aujourd’hui que le débat s’est déplacé. Avec la multiplication progressive des heures supplémentaires, les 35 heures ont été vidées de leur réalité. Reste alors la question de la durée légale du travail. La tentation du gouvernement est de la supprimer.
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