Depuis plus d’une dizaine de jours, la Chine mène au Tibet une répression sans concession. Un important déploiement militaire se poursuit dans la « région autonome » après les violences de la semaine dernière qui ont fait plus d’une centaine de morts. La Chine ne semble pas prête de mettre un terme à sa domination coloniale sur cette région du monde. Outre la relation ancestrale entre les deux Etats, c’est bien parce que le Tibet représente pour la Chine un enjeu géostratégique de grande importance que cette dernière est aussi intraitable. Le Tibet historique représente un quart de la Chine, dix des plus grands fleuves d’Asie y prennent leur source et les ressources minières s’y trouvent en grande abondance. Pour les Chinois, perdre le Tibet porterait en germe la désintégration de leur empire multiethnique. Depuis 1949 et l’affirmation par Mao Zedong de la souveraineté de la Chine sur le Tibet, ce dernier est entièrement dépendant des investissements et des subventions chinoises. Un « génocide culturel », selon l’expression du dalaï-lama, est en passe d’être accompli. La langue est en danger : dans la « région autonome », l’enseignement est en chinois à partir du collège et le tibétain n’est plus utilisé dans l’administration. Les photographies du dalaï-lama sont interdites en public comme en privé, les fonctionnaires d’Etat n’ont pas le droit de pratiquer et des cours d’éducation patriotique sont dispensés dans les monastères. Nous serions aujourd’hui en droit d’attendre de la France, « pays des droits de l’Homme » des mesures concrètes pour protester au moins contre la répression de ces derniers jours. Le premier ministre britannique a dit qu’il recevrait le dalaï-lama à Londres au mois de mai. Berlin a annoncé le gel des discussions sur les questions de « développement » avec la Chine en signe de protestation. La France n’a fait que demander un meilleur accès des journalistes au Tibet et a appelé à un dialogue entre Pékin et le dalaï-lama. Voilà une intervention qui ne nuira pas au développement de relations commerciales avec la Chine et cela d’autant plus que l’Elysée reste favorable à une levée de l’embargo européen sur les ventes d’armes à la Chine décidé au lendemain du massacre de Tiananmen en 1989. L’étendard des droits de l’Homme aurait pu être mieux déployé par un pays qui se vante d’en avoir été l’inventeur. Alors parler de boycott des jeux olympiques, voire de la seule séance d’ouverture, vous n’y pensez pas. Nicolas Sarkozy s’est engagé auprès du président chinois Hu Jintao à se rendre en Chine pour les jeux ! Face à une telle mascarade, il est urgent de faire pression sur l’Elysée pour que notre pays retrouve la voie de la dignité et du courage. A quand le dalaï-lama reçu officiellement en France ? Le boycott des jeux olympiques n’est peut-être pas l’action la mieux appropriée, mais que le Président de la République ne se rende pas, par exemple, à la cérémonie d’ouverture, pourrait être un geste fort de protestation contre une répression chinoise dont la violence est de plus en plus patente.
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