Le SMIC est aujourd’hui menacé. Si le gouvernement ne souhaite pas le supprimer, il veut néanmoins revenir sur le calcul de son augmentation. Créé en 1970, le SMIC avait vocation à faire profiter chacun des fruits de la croissance. Il augmente ainsi annuellement au minimum de l’inflation plus la moitié du gain d’un ouvrier. Il arrive même que certaines années les pouvoirs publics donnent un petit coup de pouce supplémentaire. Ces « largesses » devraient bientôt cesser puisque Nicolas Sarkozy propose de remettre en cause cette mécanique en supprimant l’indexation automatique sur la croissance. Le SMIC, tel qu’il est calculé, limiterait la création d’emplois.
La France en remettant en cause son calcul, par une loi votée après les élections municipales, irait à contre-courant de l’évolution européenne qui a vu l’Angleterre se convertir au SMIC depuis près de 10 ans et l’Allemagne qui, aujourd’hui, songe sérieusement à lui emboîter le pas. L’échec du fameux « paquet fiscal » de 15 milliards d’euros aurait pu faire réfléchir le gouvernement français sur le bien-fondé de sa stratégie de relance de la croissance. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il s’enferre dans ses vieilles lunes libérales. Cette mesure, dangereuse pour les smicards dont le pouvoir d’achat ces vingt dernières années a déjà baissé, sera comme les précédentes contre-productives parce que la croissance et l’emploi dépendent avant tout de l’augmentation du SMIC et des petits salaires.
La clef est bien le pouvoir d’achat, non pas des plus aisés, mais de ceux qui sont les plus fragiles : smicards et classes moyennes. Une forte augmentation du SMIC doit être accompagnée par des mesures fiscales toutes aussi significatives : suppression de la taxe d’habitation dans sa forme actuelle, augmentation de la CSG sur les revenus du patrimoine pour financer les retraites par répartitions, abaissement du taux d’impôt sur les sociétés pour les bénéfices réinvestis dans l’entreprise.
Cette politique aurait à la fois le mérite de réduire les inégalités et de relancer la croissance, mais les Français ont élu Nicolas Sarkozy ! Celui qui promettait d’aller « chercher la croissance avec les dents » s’avoue aujourd’hui impuissant. Il est impressionnant de constater comment huit mois de pouvoir peut vous transformer un jeune félin aux dents longues en un vieux matou édenté ! Pour autant, il ne faut pas s’y fier : il lui reste encore les griffes pour déchirer le contrat social.
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