L’annonce de l’attribution au groupe canadien Bombardier du marché de remplacement des trains de banlieue en Ile-de-France a créé une belle émotion. Cela constitue en effet un sérieux revers pour le groupe français Alstom. A croire certains, la France subit par cette décision de la SNCF un incroyable affront.
Etait-il besoin de démontrer avec autant de pertinence que le « patriotisme économique » dont se réclamait le Premier ministre n’était qu’une formule démagogique de plus ? Il faudrait qu’il nous explique pourquoi ce qui était vrai il y a quelques mois ne le serait plus aujourd’hui quand la SNCF choisit Bombardier. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que le principe de réalité fait voler en éclat la démagogie électorale.
Sur un marché aussi important que celui des transports de banlieue au montant de 4 milliards d’€ dont 2,7 milliards pour l’achat du matériel roulant, qui accepterait de payer 400 millions d’€ de plus pour une qualité moindre ? Les 5000 critères utilisés pour comparer les offres de Bombardier et d’Alstom donnaient en majorité, et de loin, la firme canadienne devant la française.
Ce que les démagogues ne disent pas, c’est qu’au final environ 85% du matériel nécessaire seront produits en France et que Bombardier sous-traitera une partie non négligeable du marché à Alstom. Dans cette affaire, l’entreprise française n’est pas à plaindre. Et cela d’autant plus que le même jour nous apprenions qu’elle allait fournir 500 trains à la Chine.
La concurrence est un principe de l’économie de marché. Une notion que les libéraux cocardiers oublient quand cela les arrange et qu’ils ne manquent pas d’invoquer quand il s’agit de licencier du personnel. On ne peut pas s’inscrire dans une démarche de compétition mondiale pour rafler des marchés à l’étranger et ne plus l’accepter quand le résultat n’est pas conforme aux espérances en France.
Dans ce cas précis, les Franciliens qui attendent des trains fiables et confortables se moquent bien qu’Alstom ait perdu ce marché. Le remplacement des vieilles rames en inox dites « petits gris » et des locomotives hors d’âge qui tombent régulièrement en panne commencera en 2009 au rythme de 30 rames par an jusqu’en 2015.
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