La rentrée universitaire ne se fait pas dans l’allégresse. La situation de l’Université et de ses étudiants n’a probablement jamais été aussi mauvaise. Les feux du CPE éteints, les promesses gouvernementales se sont envolées.
Les commissions mises en place au printemps dernier pour réfléchir au devenir universitaire sommeillent. Le rapport du député UMP Laurent Wauquiez remis au Premier ministre en juillet, qui préconisait une refonte des aides sociales pour mieux répondre aux difficultés des étudiants, est tombé aux oubliettes. Dans un contexte budgétaire contraint, que peut-on attendre des travaux de la commission université-emploi, présidée par le recteur de Limoges, Patrick Hetzel ? Ils devaient pourtant porter sur le fossé entre l’université et le monde du travail, la dévalorisation de certains diplômes, le taux d’échec des premières années universitaires.
L’université française souffre aujourd’hui d’un sous investissement chronique de l’Etat depuis plusieurs décennies. Il ne suffit pas, dans le cadre des contrats de plan Etat-région, de mettre à contribution les collectivités territoriales (départements, régions notamment) afin de construire des bâtiments neufs (amphithéâtres, bibliothèques, maisons de l’étudiant…) pour pallier le peu d’intérêt que suscite l’université chez nos dirigeants. Ces derniers y voient toujours plus un gouffre à finances qu’un lieu où on investit pour l’avenir.
Les présidents d’université, qui expliquent que les dotations budgétaires sont insuffisantes, pratiquent quelques fois sans vergogne et dans la plus parfaite illégalité le « dépassement d’honoraires ». Les frais d’inscription ont explosé ces dernières années. En 2006-2007, les droits d’inscription hors sécurité sociale prévus par la loi s’élèvent à 162 € en licence, 211 € en master et 320 € en doctorat. Dans certaines universités, ils sont au moins multipliés par 10. Par exemple, à Aix-Marseille-III, il est réclamé 3500 € pour une inscription en master professionnel !
Tout cela joue un rôle important sur la détérioration de la situation sociale des étudiants. Si tous ne sont pas touchés de la même manière, force est de reconnaître que leur pouvoir d’achat n’a cessé de se dégrader. Selon l’UNEF, un étudiant sur deux est obligé de travailler pour faire face au financement au moins partiel de ses études. Ceux qui consacrent le plus de temps à une activité rémunératrice sont aussi ceux qui échouent le plus. L’inégalité face aux études est ainsi allée croissante ces dernières années.
Si une allocation d’autonomie pour tous les étudiants, réclamée par leurs représentants et proposée par le PS dans son projet, pourrait résoudre en partie le problème, il n’est pas sûr pour autant qu’elle permettrait de faire de l’Université ce lieu d’excellence, du savoir, de la recherche et de la professionnalisation dont a aujourd’hui besoin notre pays. Cela passe en fait par un effort d’une toute autre ampleur et une réforme en profondeur des structures universitaires.
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