Les services publics de proximité désertent le territoire. Après les écoles, les bureaux de poste, c’est au tour d’EDF-GDF de restructurer ses services. Un peu partout en France les points d’accueil réduisent leurs heures d’ouverture, quand ce n’est pas le site lui-même qui ferme. L’ampleur du phénomène peut atteindre dans certains départements des dimensions inquiétantes. C’est le cas par exemple de l’Allier où sur les sept sites EDF-GDF existant, cinq seront fermés dans les mois à venir. Le Sud-Yvelines n’est pas non plus à l’abri du phénomène puisque dans notre région, l’agence de Rambouillet après avoir diminué l’accueil des usagers aux guichets, est aussi menacée de fermeture. Aujourd'hui les bureaux se vident un à un de leur mobilier, tandis que le beau terrain de la rue Patenôtre suscite l’intérêt des promoteurs.
S’il est vrai que de nombreux clients effectuent par téléphone leur demande de renseignement ou de rendez-vous et paient leurs factures par prélèvement automatique, certains préfèrent encore privilégier le contact direct en se rendant aux guichets. Cette possibilité s’en trouve désormais réduite, voire supprimée. Plus grave encore : avec la disparition de deux sites sur trois, on peut aussi s’interroger sur les délais d’intervention en cas d’urgence. La tempête de 1999 avait entraîné une mobilisation exceptionnelle des agents EDF pour rétablir le courant. Qu’en serait-il aujourd’hui si un tel événement se reproduisait ? Pour autant faut-il refuser toute adaptation à l’évolution des pratiques des usagers et maintenir en l’état un service de plus en plus coûteux ?
La question mériterait d’être posée si cette restructuration visait à mieux organiser et à rendre plus efficace, en un mot, à moderniser ce service public. En fait, il n’en est rien. L’ouverture du capital d’EDF et la marche forcée vers la fusion SUEZ-GDF prouvent que nous sommes dans une autre logique. Il s’agit de rendre l’entreprise suffisamment attractive pour sa privatisation. La suppression de plus de 20 000 postes de travail en France et la réalisation d’un nombre non négligeable d’actifs (vente de certains locaux par exemple) ne peuvent avoir qu’un effet positif sur sa cotation en bourse et, par la suite, sur les dividendes qui seront versés aux actionnaires. Il y a fort à parier que dans cette opération les usagers, mêmes propriétaires d’actions EDF ou GDF, ainsi que les collectivités territoriales et les entreprises, soient les perdants. La qualité du service s’en trouvera altérée et les prix exploseront. Nous mesurons tous ce que nous coûtent les délégations de service public à des grands groupes industriels pour l’eau et les ordures ménagères. Il ne faut surtout pas reproduire ce modèle calamiteux pour l’électricité et le gaz.
A l’heure où le gouvernement vante les mérites de la décentralisation qui rapprocherait le citoyen des décisions n’est-il pas paradoxal d’éloigner chaque jour un peu plus les Français des services publics de proximité ? Il est vrai que depuis plus de quatre ans les gouvernements se suivent et se ressemblent. Ils font tous preuve d’une grande cohérence dans le désengagement de l’Etat.
Les commentaires récents