La fin calamiteuse du quinquennat de Jacques Chirac ébranle les institutions de la Ve République. Le clan chiraquien, qui a fait main basse sur le pays avec un cynisme rarement atteint en politique, est prêt aujourd’hui à pratiquer la stratégie de la terre brûlée. Il n’est plus question de se maintenir au pouvoir, mais de faire en sorte que ce dernier soit tellement décrédibilisé que le successeur ne soit pas en mesure de gouverner.
Dans un ouvrage récent, Roger-Gérard Schwartzenberg compare la période que nous vivons à l’année 1788 qui avait ouvert le processus révolutionnaire. Si les comparaisons historiques sont souvent hasardeuses, il est toutefois exact que la France comme en 1788 se trouve bien « à la croisée des chemins ». Peut-on continuer longtemps à préférer les privilèges aux réformes ? De nouvelles avancées démocratiques et sociales s’imposent de toute urgence pour combler le fossé qui se creuse entre les élites et le peuple.
La représentation nationale est gangrenée par une aristocratie issue des mêmes milieux, écoles et cabinets. Jamais, dans notre pays, le recrutement des élites n’a été aussi peu démocratique. Le système scolaire se borne de plus en plus à une reproduction des inégalités sociales. L’accès aujourd’hui aux grandes écoles est beaucoup plus difficile pour les enfants des couches les plus défavorisées de la population que dans les années soixante et l’échec à l’Université touche massivement ces derniers.
La mascarade du CPE, piteusement organisée par le chef de l’Etat, et l’affaire Clearstream achèvent de décrédibiliser toute action politique. Il faudra pour sortir de l’impasse autre chose que le catalogue de propositions recuites qui émerge des états généraux du projet socialiste.
Rompre avec nos habitudes d’antan et emprunter une nouvelle voie demandent du courage. Passons un peu moins de temps sur les équilibres internes aux différents courants du parti et un peu plus à écouter monter la sourde protestation d’une opinion qui veut croire encore en la politique, mais pas celle des états-majors.
La république qu’il nous faut construire doit nous permettre d'emprunter une nouvelle voie démocratique, écologique et sociale. A défaut, nous serons submergés par les pires démagogies, celles dont on fait les régimes d’exception.
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